Introduction

Cet article sur l’histoire des techniques de la gravure en relief, aussi appelée taille d’épargne, est divisé en 3 parties correspondant à 3 utilisations différentes de cette technique au cours des âges:

  • Les origines (500 av J.C.-100 et 100-900).
  • La gravure en relief et l’imprimerie (900-1450, 1450-1600, 1600-1800, 1800-1900, après 1900).
  • La gravure en relief et les artistes.

NB: pour apprendre ce que sont ces techniques de la gravure en relief et les utiliser vous-mêmes, allez ici.

Les origines

500 av J.C. – 100

Les techniques de gravure en relief sont utilisées par les égyptiens pour imprimer sur du tissus.

La pierre est utilisée par les artistes chinois pour fabriquer des sceaux utilisés pour signer leurs oeuvres mais de façon générale, seuls les groupes ethniques n’ayant pas accès au bois, comme les Inuits, utilisent ce matériaux.

100 – 900

En Chine, des images et des textes sont gravés sur la même planche et ensuite imprimés sur du papier (découvert au 2ième ou 3ième siècle selon les sources): cela promeut l’érudition de façon significative en particulier pendant la dynastie Long (961 – 1279)

Ces images et ces textes sont ensuite mis ensemble pour fabriquer les premiers livres: le plus ancien connu s’appelle le Sutra de Diamant (868).

La gravure en relief et l’imprimerie

900 – 1450

Le secret de la fabrication du papier et des techniques d’impression en relief est apporté en Europe par l’intermédiaire des arabes qui, dès le 8ième siècle, l’ apprennent des chinois: le premier bois gravé connu date des années 1375/1400: c’est le Bois Protat.

Généralement réalisées par des moines, les images sont d’inspiration religieuse, sont diffusées par les ordres religieux et servent à évangéliser la population. Quand le pape Clément VI règlemente l’octroi des indulgences, cette pratique connaît un essor considérable.

Les artisans graveurs s’inspirent des vitraux, fresques ou peintures des églises; les images sont accompagnées d’un court texte d’abord manuscrit puis progressivement taillé dans la même planche. On découvre qu’il est possible de coller des feuilles envers contre envers puis de les relier entre elles pour donner naissance aux premiers livres.

Ce n’est qu’à partir de 1420 que l’illustration profane apparaît avec en particulier la représentation de héros des romans de chevalerie; le style se différencie d’une région à une autre.

1450 – 1600

Apparition de l’imprimerie de Gutenberg (1400-1468) en Europe (les chinois utilisait des caractères mobiles dès le 9ième siècle, semble-t-il, et les coréens à la fin du 14ième siècle mais la méthode n’était pas répandue, sans doute à cause de la complexité de ces langues): textes et images sont alors séparés; la gravure illustre le texte sans dépendre de lui pour être regardée. Les graveurs signent leurs oeuvres.

Il y a une spécialisation des corporations: textes, dessins et impressions deviennent des étapes exécutées non plus par un seul homme mais par plusieurs.

C’est l’époque de Dürer (1471-1528), Holbein (1497-1543), Cranach l’Ancien (1472-1553). Ils ne se limitent pas à la gravure en relief mais utilisent aussi la gravure en creux sur métal. Ils produisent des estampes publiées ensuite en livrets.

1600 – 1800

Dans l’imprimerie traditionnelle, la gravure en relief est progressivement abandonnée au profit des techniques de gravure en creux sur métal. Celles-ci permettent des tirages plus nombreux et des nuances de gris ou de couleur imitant la peinture.

Jusque les années 1850 cependant, avant d’être à son tour remplacée par des procédés d’impressions plus modernes, elle se maintient dans la production:

  • d’images populaires aux motifs décoratifs simples, diffusée par colportage: c’est l’Image d’Epinal avec ses jeux de cartes, ses feuilles militaires, ses calendriers et ses commentaires de l’actualité dans les “canards” apparus au 16ième siècle. Voir à ce propos, sur le blog de ce site, un article que j’ai écrit sur la ville et son Imagerie.
  • d’images pieuses puis profanes
  • des “indiennes”, tissus aux motifs de fleurs, d’oiseaux, de feuillages.
  • du papier d’ameublement.

1800 – 1900

La gravure en relief réapparaît grâce à la technique de gravure sur bois de bout qui permet un travail très fin pouvant rivaliser avec la taille du cuivre au burin: c’est l’époque de la vignette romantique et des planches documentaires.

Après 1900

Des procédés de reproduction plus rapides (sérigraphie, photogravure, offset…) remplacent la gravure en relief et les ateliers de tailleurs d’images disparaissent.

Le processus de création se retrouve alors dans les mains d’un seul, le peintre graveur. La taille d’épargne devient un moyen d’expression privilégié par les artistes.

La gravure en relief et les artistes

Le 16ième siècle

C’est l’époque de Dürer, Cranach… pendant lequel elle rivalise avec la peinture

A partir du 19ième siècle

Avec l’engouement pour l’art primitif puis les mouvements expressionnistes et la découverte de l’estampe japonaise, elle est alors le moyen d’exprimer des sentiments forts et devient un art indépendant parfois préféré à la peinture.

Parmi les artistes qui ont en totalité ou en partie eu recours à cette technique, on peut citer: Gaughin, Van Gogh, Vlaminck, Matisse, Dufy, Munch, Kirchner, Schmitt-Rottluf, Nolde, Dix, Klee, Arp, Chagall, Miro, Picasso…


A savoir: les pages sur les techniques de la gravure en relief sont ici.

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